Soirée Feydeau

 « Quand dans une de mes pièces, deux de mes personnages ne doivent pas se rencontrer, je les mets le plus tôt possible en présence ! »
Georges Feydeau

Deux farces conjugales (Par la fenêtre - Mais n’te promène donc pas toute nue !) et malgré l’écart temporel entre les deux pièces (1882 -1911, 29 années !) ce qui frappe c’est la permanence et la vigueur du style, cette folle gaîté, le tempo effréné, le mélange d’horlogerie fine et de débordements absurdes, la pointe acérée sous la légèreté du ton.


PAR LA FENETRE

Hector, avocat de son état, profitant de l’absence de son épouse, se prépare à passer une soirée au calme. Mais Emma, sa voisine d’en face, vient perturber cette perspective en sollicitant son aide, pour une affaire très spéciale…
D’un côté ou de l’autre de la fenêtre, se dressent des spectacles que l’esprit aurait bien pu avoir construit de toutes pièces…
Théâtre dans le théâtre par excellence, esprit de gaîté, quiproquos et inversions, sens de l’absurde !
Un coup de sonnette… Surgit une brésilienne au tempérament de feu qui installe sur le plateau un vent de folie ! Et c’est la guerre… Insultes, quiproquos, attaques et saillies, renversements de situation, explosion finale en éclat de rire… Et l’on voit le féminin l’emporter sur le masculin et lui voler dans les plumes !

MAIS N’TE PROMENE DONC PAS TOUTE NUE !

Non, Clarisse ne se promène pas vraiment toute nue ! Dans l’intimité de sa maison elle préfère rester en chemise. Ce n’est pas qu’elle se laisse aller, au contraire, elle garde chapeau et chaussures, mais il fait si chaud en juillet à Paris qu’elle va et vient chez elle en déshabillé, ou comme on disait : en saut-dulit !
Cela n’est pas du goût de son député de mari, très à cheval sur les convenances, les préjugés, la bienséance : ce léger dévoilement du corps, qu’on devine par transparence, ou dont le modelé est seulement suggéré, le met hors de lui. Disputes et récriminations incessantes. Mais reproche pour reproche, Clarisse, la tête sur les épaules et la langue acérée, attaque les arrangements douteux de la classe politique, les conventions machistes du mariage, la sujétion de la femme dans la vie
domestique, toutes les hypocrisies… et continue à se promener en tenue legère aux yeux de l’enfant, du domestique, du visiteur intempestif – jusqu’à ce qu’une guêpe, ivre sans doute de chaleur et du fond de café resté dans les tasses sur le guéridon, la pique effrontément sur la partie la plus charnue de son anatomie !
Dans ce milieu guindé de convenances, de préjugés et d’hypocrisies, Clarisse manifeste une totale liberté de tenue et de langage. Loin d’être une ingénue ou une écervelée, son apparente légèreté lui
permet une critique sans concessions du système parlementaire corrompu, des contrats de mariage, de la vie domestique, de la situation d’infériorité faite aux femmes.

’Faites sauter le boîtier d'une montre et penchez-vous sur ses organes : roues dentelées, petits ressorts et propulseurs - mystère charmant, prodige ! C'est une pièce de Feydeau qu'on observe de la coulisse. Remettez le boîtier et retournez la montre : c'est une pièce de Feydeau vue de la salle - les heures passent, naturelles, rapides, exquises...’’ Sacha Guitry, Portraits et anecdotes.

 


Mise en scène Gilles Bouillon

Avec
Frederic Cherboeuf
Nine de Montal
Philippe Dusseau
Paul Toucang

Lumières : Gilles Bouillon
Scénographie, costumes ( Mais ne t'te promène donc pas toute nue) : Nathalie Holt
Costumes (Par la fenêtre) : Nine de Montal
Régie générale : Edouard Bonnet

 


Mardi 22 novembre : Epernay
Samedi 10 décembre : Donchery
Dimanche 22 janvier : Rethel

Spectacle tout public à partir de 13 ans, durée 1h35

Production : Compagnie G. Bouillon avec le soutien de la ville de Fleurance