Urfaust

  • Urfaust © Antonia Bozzi

 

URFAUST
Goethe

Urfaust – ou Faust originaire, 1775 – est la matrice du Faust que nous connaissons, remanié et publié trente ans plus tard. Le manuscrit, miraculeusement conservé, n’a été retrouvé qu’en 1887. Cette œuvre de jeunesse puise son inspiration dans la littérature populaire, dans le théâtre de foire et dans le fait divers : une jeune fille exécutée pour infanticide. De l’ancienne légende du mage et du savant, Goethe délaisse la dimension folklorique : pas de pacte signé avec le sang, pas de sabbat des sorcières ; Méphisto n’est sans doute qu’un alter ego. Faust a soif d’autres connaissances et d’autres émotions : c’est un homme libre qui s’aveugle en cherchant « la vraie vie »… Il cristallise les fantasmes de possession d’une âme insatisfaite, et seul l’amour de Marguerite saura muer la volonté de puissance en connaissance du cœur avant de se fracasser tragiquement sur la violence de la société, et de mener à la folie. La combinaison du tragique et du bouffon, la compression explosive de la fable, la crudité du langage font de Urfaust aujourd’hui la version la plus intense du drame, la plus proche de notre sensibilité.

Faust, c’est l’homme debout, l’homme qui marche. Qui trébuche, qui erre, qui s’enfuit – il fuira aussi Marguerite, séduite, aimée puis abandonnée à une solitude tragique, détruite au terme d’un des plus beaux romans d’amour du théâtre.  Ce Wanderer, trait d’union entre l’errant du romantisme et l’ombre du voyageur de Nietzsche, tombe parfois – mais il ne cesse d’aller, de parcourir le monde, impatient d’expérimenter in vivo ce qu’il n’a étudié qu’in vitro, pressé de savoir, de pouvoir, de jouir. Il court « comme un rasoir ouvert… » Toujours dans le mouvement et toujours dans l’action, se débattant dans l’arène des ténèbres ou sous la lumière crue d’un sarcastique théâtre des opérations ; disséqué, manipulé en surplomb par un Méphisto joueur, rieur, metteur en scène de toutes les fantasmagories ; Faust reste le sujet et l’objet d’un pari entre le ciel et l’enfer… Urfaust, la géniale esquisse de Goethe, est un théâtre d’ombres et de lumières. Comme sur la scène des mystères médiévaux : 19 séquences, 19 tableaux, morcellent le temps et l’espace de la représentation, sans jamais ralentir la course effrénée dont la trajectoire va venir se fracasser dans l’obscurité qui baigne les dernières scènes : jour sombre et noirceur d’un cachot où rougeoie l’une des plus belles proses de la littérature dramatique : « le beau n’y est que le commencement du terrible ».
Gilles Bouillon

 

mise en scène Gilles Bouillon
traduction Jean Lacoste et Jacques Le Rider
(éditions Bartillat)

avec
Vincent Berger : Méphisto
Baptiste Chabauty : Wagner, Valentin, un buveur
Frédéric Cherboeuf : Faust
Etienne Durot : L’étudiant, Lise, un buveur
Marie Kauffmann : Marguerite
Juliette Poissonnier : Marthe, un buveur

dramaturge : Bernard Pico
scénographie : Nathalie Holt
lumières : Marc Delamézière
musique : Alain Bruel
costumes : Hélène Kritikos
vidéo : Arthur Colignon
maquillages et coiffures : Eva Gorszczyk
collaboration artistique : Albane Aubry et Etienne Durot
peinture et sculpture : Thierry Dalat
fabrication des costumes : Anne Versel et Martine Houseaux
régisseur général : Nicolas Guellier.

 

Production : Compagnie G. Bouillon, subventionnée par le ministère de la Culture.
En coréalisation avec la Scène nationale d’Angoulême et le Théâtre de la Tempête.